Ce que disent les dernières archives du Service
Historique de la Défense sur la capture de Jean Moulin
DES TRAÎTRES DANS LA RÉSISTANCE - Un documentaire de Patrick
Benquet - 2022
« En mai 1943, Ernest Kaltenbrunner, nouveau
chef à Berlin de l'Office central de la sécurité du Reich (RHSA) remet à Hitler
un rapport qui décrit dans le détail l'organisation de la Résistance française.
Sous la forme d'une enquête historique qui s'appuie sur les archives inédites
des services secrets français, ce film révèle comment la plupart des
organisations de la Résistance ont été infiltrées par des français, appelés « V
Man », hommes de confiance, à la solde des allemands.
L'ouverture récente de nouvelles archives des services secrets français
conservées au Service Historique de la Défense (SHD) a révélé que durant la
Seconde Guerre mondiale, la plupart des organisations de la résistance
française ont été infiltrées par des traitres au service de l'occupant
allemand. Peu connue l'existence de ces traitres, qu'il s'agisse de résistants
arrêtés et « retournés » ou de français acceptant contre rémunérations de
travailler pour l'ennemi, éclaire d'un jour totalement nouveau à la fois
l'histoire de la répression allemande et celle de la résistance française.
Ce que l'on apprend à la lecture de ces archives jusqu'alors inaccessibles
c'est que les Allemands ont érigé la trahison en véritable système. Le
recrutement de Français prêts à les renseigner était une des priorités de
l'occupant.
Ces français qui vont porter des coups fatals à la Résistance deviennent pour
les Allemands des « V-man » (« hommes de confiance »).
Bien qu'il n'existe aucune statistique officielle du fait de la particularité
de leur mission, les historiens estiment aujourd'hui que 20 à 30 000 Français
ont aidé les Allemands à infiltrer les organisations de la Résistance. Une
partie d'entre eux ont été de véritables agents secrets de l'ennemi, grassement
rémunérés. Le bilan de leur trahison se chiffre en dizaines de milliers de
résistants arrêtés, morts en déportation ou exécutés. La plupart des réseaux de
la résistance ont été infiltrés et beaucoup totalement anéantis.
Comment tout cela a-t 'il été possible ? qui étaient ces traîtres ? Quelles
étaient les méthodes utilisées par les allemands pour retourner ou recruter ces
français ? Quelles étaient les motivations de ceux qui ont trahi ? Comment
ont-ils infiltré les réseaux les anéantissant pour certains, causant des
dommages considérables pour d'autres ? Et comment malgré cette lutte inégale et
impitoyable, en dépit des nombreuses arrestations qui la touchèrent, la
résistance réussit-elle à continuer de croître pour jouer un rôle fondamental
dans la Libération de la France et la victoire sur l’occupant. » -
Source LCP
Ce documentaire réalisé en 2022, enrichi d’archives
inédites, déclassifiées sous la présidence Hollande, dévoile entre autres informations,
des révélations inédites sur la capture de Jean Moulin
en particulier le rôle joué par un certain Jean-André Multon. Résistant
retourné, impliqué dans les multiples tentatives d’éliminations d’Henri Frenay,
il était l’homme de confiance d’un des chefs du réseau Combat dans la zone Sud.
Arrêté par la Gestapo à Marseille il entre dans l’engrenage de la trahison, contribuant
à l’arrestation d’une centaine de ses compatriotes et participant même aux
interrogatoires. Sur ordre du SS Dunker, il part à Lyon collaborer avec Klaus
Barbie. Il prend rendez-vous le 26 Mai 1943 à Macon avec Henri Frenay, mais en
instance de départ pour Londres, c’est sa secrétaire Mme Albrecht qui se
présente au lieu indiqué. Arrêtée, écrouée à Fresnes elle mourra trois jours
plus tard. Multon donne ensuite à Barbie l’adresse d’une boite aux lettres. Les
occupants trouvent un courrier mentionnant un rendez-vous entre deux membres
importants de la Résistance, René Hardy, responsable des sabotages ferroviaires
pour le réseau Combat et Charles Delestraint chef militaire de l’Armée Secrète.
Le 9 juin le général est capturé à la station de métro La Muette à Paris,
toujours en présence de Multon. Torturé pendant cinquante heures, il est déporté
à Dachau où il sera exécuté en avril 1945 avant l’arrivée des alliés. Quant à
René Hardy qui a eu la malchance de prendre le même train que Multon, il est arrêté
sur les indications de ce dernier et de Robert Moog, autre collaborateur, à
Chalons sur Saône. Pris immédiatement en main et semble-t-il avec certains
égards par Barbie qui espère toujours capturer Frenay, il est relâché par les
occupants 10 jours avant les événements de Caluire, non sans avoir donné des
informations sur des projets de sabotage ferroviaire. Mis sous surveillance (à
son insu ?) par les sbires de Barbie, il est convoqué au dernier moment par
les responsables du mouvement Combat, pour participer le 21 juin, à la demande
de Jean Moulin, à une réunion dont l’objet est la désignation d’un nouveau chef
de l’Armée Secrète. Ignorant l’arrestation de Hardy, ils demandent à ce dernier
de se rendre à Caluire et de s’opposer aux exigences du mandataire de De Gaulle,
craignant la confiscation de leur mouvement par le Chef de la France Libre. Au
jour dit à Caluire les allemands capturent tous les participants à l’exception
de René Hardy qui réussit à s’enfuir. La suite est connue. A la Libération
Jean Multon, fut dénoncé par son ancien chef Henri Frenay en Mars 45, arrêté,
jugé, condamné à mort et exécuté. Quant à René Hardy il fut acquitté deux fois
par les tribunaux, malgré de lourdes présomptions de culpabilité. L’Histoire
retiendra que les actions entreprises par les nazis pour éliminer le chef du
mouvement de résistance Combat aboutiront accidentellement à l’arrestation et à
la mort de Jean Moulin.
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