René Peyre - 60 ans d'activités au service du monde Ancien Combattant
samedi 3 août 2024
Si l'on pouvait arrêter les aiguilles
vendredi 21 juin 2024
DES TRAÎTRES DANS LA RÉSISTANCE
Ce que disent les dernières archives du Service
Historique de la Défense sur la capture de Jean Moulin
DES TRAÎTRES DANS LA RÉSISTANCE - Un documentaire de Patrick
Benquet - 2022
« En mai 1943, Ernest Kaltenbrunner, nouveau
chef à Berlin de l'Office central de la sécurité du Reich (RHSA) remet à Hitler
un rapport qui décrit dans le détail l'organisation de la Résistance française.
Sous la forme d'une enquête historique qui s'appuie sur les archives inédites
des services secrets français, ce film révèle comment la plupart des
organisations de la Résistance ont été infiltrées par des français, appelés « V
Man », hommes de confiance, à la solde des allemands.
L'ouverture récente de nouvelles archives des services secrets français
conservées au Service Historique de la Défense (SHD) a révélé que durant la
Seconde Guerre mondiale, la plupart des organisations de la résistance
française ont été infiltrées par des traitres au service de l'occupant
allemand. Peu connue l'existence de ces traitres, qu'il s'agisse de résistants
arrêtés et « retournés » ou de français acceptant contre rémunérations de
travailler pour l'ennemi, éclaire d'un jour totalement nouveau à la fois
l'histoire de la répression allemande et celle de la résistance française.
Ce que l'on apprend à la lecture de ces archives jusqu'alors inaccessibles
c'est que les Allemands ont érigé la trahison en véritable système. Le
recrutement de Français prêts à les renseigner était une des priorités de
l'occupant.
Ces français qui vont porter des coups fatals à la Résistance deviennent pour
les Allemands des « V-man » (« hommes de confiance »).
Bien qu'il n'existe aucune statistique officielle du fait de la particularité
de leur mission, les historiens estiment aujourd'hui que 20 à 30 000 Français
ont aidé les Allemands à infiltrer les organisations de la Résistance. Une
partie d'entre eux ont été de véritables agents secrets de l'ennemi, grassement
rémunérés. Le bilan de leur trahison se chiffre en dizaines de milliers de
résistants arrêtés, morts en déportation ou exécutés. La plupart des réseaux de
la résistance ont été infiltrés et beaucoup totalement anéantis.
Comment tout cela a-t 'il été possible ? qui étaient ces traîtres ? Quelles
étaient les méthodes utilisées par les allemands pour retourner ou recruter ces
français ? Quelles étaient les motivations de ceux qui ont trahi ? Comment
ont-ils infiltré les réseaux les anéantissant pour certains, causant des
dommages considérables pour d'autres ? Et comment malgré cette lutte inégale et
impitoyable, en dépit des nombreuses arrestations qui la touchèrent, la
résistance réussit-elle à continuer de croître pour jouer un rôle fondamental
dans la Libération de la France et la victoire sur l’occupant. » -
Source LCP
Ce documentaire réalisé en 2022, enrichi d’archives
inédites, déclassifiées sous la présidence Hollande, dévoile entre autres informations,
des révélations inédites sur la capture de Jean Moulin
en particulier le rôle joué par un certain Jean-André Multon. Résistant
retourné, impliqué dans les multiples tentatives d’éliminations d’Henri Frenay,
il était l’homme de confiance d’un des chefs du réseau Combat dans la zone Sud.
Arrêté par la Gestapo à Marseille il entre dans l’engrenage de la trahison, contribuant
à l’arrestation d’une centaine de ses compatriotes et participant même aux
interrogatoires. Sur ordre du SS Dunker, il part à Lyon collaborer avec Klaus
Barbie. Il prend rendez-vous le 26 Mai 1943 à Macon avec Henri Frenay, mais en
instance de départ pour Londres, c’est sa secrétaire Mme Albrecht qui se
présente au lieu indiqué. Arrêtée, écrouée à Fresnes elle mourra trois jours
plus tard. Multon donne ensuite à Barbie l’adresse d’une boite aux lettres. Les
occupants trouvent un courrier mentionnant un rendez-vous entre deux membres
importants de la Résistance, René Hardy, responsable des sabotages ferroviaires
pour le réseau Combat et Charles Delestraint chef militaire de l’Armée Secrète.
Le 9 juin le général est capturé à la station de métro La Muette à Paris,
toujours en présence de Multon. Torturé pendant cinquante heures, il est déporté
à Dachau où il sera exécuté en avril 1945 avant l’arrivée des alliés. Quant à
René Hardy qui a eu la malchance de prendre le même train que Multon, il est arrêté
sur les indications de ce dernier et de Robert Moog, autre collaborateur, à
Chalons sur Saône. Pris immédiatement en main et semble-t-il avec certains
égards par Barbie qui espère toujours capturer Frenay, il est relâché par les
occupants 10 jours avant les événements de Caluire, non sans avoir donné des
informations sur des projets de sabotage ferroviaire. Mis sous surveillance (à
son insu ?) par les sbires de Barbie, il est convoqué au dernier moment par
les responsables du mouvement Combat, pour participer le 21 juin, à la demande
de Jean Moulin, à une réunion dont l’objet est la désignation d’un nouveau chef
de l’Armée Secrète. Ignorant l’arrestation de Hardy, ils demandent à ce dernier
de se rendre à Caluire et de s’opposer aux exigences du mandataire de De Gaulle,
craignant la confiscation de leur mouvement par le Chef de la France Libre. Au
jour dit à Caluire les allemands capturent tous les participants à l’exception
de René Hardy qui réussit à s’enfuir. La suite est connue. A la Libération
Jean Multon, fut dénoncé par son ancien chef Henri Frenay en Mars 45, arrêté,
jugé, condamné à mort et exécuté. Quant à René Hardy il fut acquitté deux fois
par les tribunaux, malgré de lourdes présomptions de culpabilité. L’Histoire
retiendra que les actions entreprises par les nazis pour éliminer le chef du
mouvement de résistance Combat aboutiront accidentellement à l’arrestation et à
la mort de Jean Moulin.
samedi 1 juin 2024
6 Juin 1944 - Le Jour Suprême
La France commémore cette année le
cinquantième anniversaire (1) des événements historiques qui provoquèrent la
libération de son territoire, la défaite du nazisme et le rétablissement de la
liberté.
D'importantes cérémonies officielles se dérouleront le 6 juin sur les
plages normandes du Calvados et de la Manche, notamment à Omaha Beach où
débarquèrent les soldats américains le 6 juin 1944.
Après l'humiliante défaite de nos armées en 1940 et le magnifique
comportement de l'aviation anglaise et de la population de Londres qui
résistèrent aux bombardements de la Luftwaffe deux hommes surent entretenir
l'espoir de leurs compatriotes et préparer la bataille décisive, Winston
CHURCHILL et le Général DE GAULLE. Le 18 juin 1940 le Général DE GAULLE prend
la parole à Londres ! "Rien n'est perdu parce que cette guerre est une
guerre mondiale. Dans l'univers libre, des forces immenses n'ont pas encore donné.
Un jour ces forces écraseront l'ennemi. Il faut que la France, ce jour-là, soit
présente à la victoire. Alors, elle retrouvera sa liberté et sa grandeur
".
En vérité peu de français entendent cet appel et beaucoup accordent
leur confiance au Maréchal PETAIN, le vainqueur de Verdun.
Mais, le nombre de ceux qui écoutent chaque soir l'émission de la BBC,
" Les français parlent aux français " ne cesse de croître. Maurice
SCHUMANN, Jean OBERLE et leurs collègues de la France Libre donnent à leurs
auditeurs des informations que leur cache la radio de Vichy et encouragent les
patriotes de l'ombre qui constituent l'embryon de la résistance.
Bientôt, des mouvements structurés diffusent des journaux : Libération
Nord, Libération, Combat etc. Des officiers et sous-officiers d'active
encadrent les volontaires des maquis de Haute-Savoie, du Vercors, de l'Ain, etc.
Des réseaux, comme celui du Colonel Rémy auquel appartiennent des
fonctionnaires des PTT, PRUVOST, chef de la résistance PTT, Simone LEVY qui
sera exécutée en Allemagne, DEBAUMARCHE, Maurice HORVAIS, notre ami Henri
LEVEILLE, fournissent à Londres de précieux renseignements sur les
fortifications allemandes de Normandie et sur le déplacement des troupes
ennemies. Jean MOULIN, nommé par le Général DE GAULLE, Président du Conseil
national de la résistance (CNR) rassemble les mouvements de résistance en vue de
coordonner leurs efforts, de préparer avec Londres et Alger l'insurrection
nationale et d’élaborer un programme destiné à sauvegarder au lendemain de la
libération l'idéal républicain. Arrêté en 1943 à Lyon par Klaus BARBIE, Jean
MOULIN, meurt sans livrer les secrets qu'il détient.
Au cours de l'année 1943, les chefs de la
résistance et l'Etat Major allemand savent que la bataille décisive aura lieu
en France en 1944.
Après leurs
victoires en Afrique et en Italie les armées alliées et françaises préparent
leur débarquement en France. La Corse est le premier département français
libéré en 1943 par l'action conjointe de la résistance et du corps
expéditionnaire français constitué en partie de tabors marocains. Dans les
autres départements les maquis augmentent leurs activités. Ils reçoivent
davantage d'armes, surtout, hélas, des armes légères. Les allemands et la
milice réagissent violemment contre les attaques des maquis, les sabotages des
voies ferrées et des lignes téléphoniques. Pour éviter la création d'un front
intérieur les allemands tentent de détruire les maquis importants.
En mars 1944 une
unité de chasseurs alpins allemands puissamment soutenue par l'artillerie et
l'aviation attaque le Plateau des Glières. Les miliciens et les GMR participent
à l'opération qui oppose 467 patriotes retranchés sur le plateau enneigé à sept
mille soldats aguerris et à leurs mercenaires. Nous avons rendu hommage dans le
numéro précédent de notre journal au courage des patriotes des Glières qui
avaient choisi pour devise " vivre libre ou mourir " et nous avons
dénoncé la lâcheté et la cruauté des miliciens de DARNAND, d'AGOSTINI et de
TOUVIER.
Une compagnie de la division SS Das Reich pendra
99 otages à Tulle et massacrera le 10 juin la population d’Oradour-sur-Glane en
représailles contre les harcèlements des maquis de la Haute-Vienne qui
retardent le mouvement des blindés attendus sur le front de Normandie.
Au mois de juillet,
la Wehrmacht attaque de toutes parts le maquis du Vercors. CHABAL, adjudant de
chasseurs alpins, fait Sidi Brahim, c'est-à-dire se sacrifie pour défendre la
position de Valchevrière.
Le 22 juillet les SS, transportés en planeurs sur
le plateau du Vercors, massacrent des patriotes et des civils à Vassieux et à
la Chapelle en Vercors.
De même en Normandie les allemands exterminent
les patriotes, notamment ceux du maquis de Beaucoudray.
Toutes ces activités
des résistants et les violentes représailles des troupes d'occupation n'ont pas
échappé à l'attention du Général EISENHOVER, le chef suprême des armées alliées
qui eut le mérite de souligner 1’ importance du rôle joué par la résistance sur
notre territoire. Aussi, on ne comprend pas, et on n'admet pas cette réflexion
récente de Jacques ATTALI, ancien conseiller du Président MITTERRAND, selon
laquelle tous les français étaient " Collabos ". Nous joignons nos
protestations à celles des personnalités qui ont vivement réagi contre cette
odieuse provocation.
Les pertes subies par les résistants et la
population civile auraient été encore beaucoup plus élevées si l'Etat major
allié n'avait décidé, après une longue et minutieuse préparation, de déclencher
au mois de juin 1944 la gigantesque opération Overlord.
Le Général ROMMEL
avait fait renforcer le mur de l'Atlantique construit par l'organisation Todt
de Dunkerque à Royan et fait enfoncer dans les plages de Normandie des mines,
des pieux en bois et des tétraèdres en fer pour ralentir la progression des
blindés exposés au feu des bunkers.
Mais le Général
ROMMEL pensait avec HITLER et son Etat Major que le débarquement aurait lieu en
Picardie et les services du Général EISENHOVER entretenaient habilement cette
illusion.
Le 2 juin 1944,
les chefs des mouvements de résistance et les maquisards entendent avec une
immense joie les trois premiers vers de la poésie de VERLAINE, "chanson
d'automne " que diffuse la BBC et qui annoncent l'imminence du
débarquement : " Les sanglots longs des violons de l'automne. " Et,
le 5 juin, la BBC diffuse les trois vers qui fixent au lendemain la date du
débarquement : "blessent mon cœur d’une langueur monotone ".
L'Etat-Major allemand s'inquiète mais il demeure
persuadé que le débarquement aura lieu dans le Pas-de-Calais.
Dans la nuit du 5
au 6 juin 1944, plusieurs milliers de parachutistes sont largués derrière la
ligne Maginot de l'Atlantique avec pour mission de détruire des ponts, des
voies ferrées, de s'emparer de points stratégiques et de les tenir jusqu'à
l'arrivée des renforts.
Deux de ces
opérations spectaculaires se déroulent à Bénouville, près de Ouistreham, et à Ste-Mère-l
‘Eglise. Le Major HOWARD et ses hommes atterrissent en planeurs près du pont
mobile de Bénouville, appelé ultérieurement Pegasus Bridge, en l'honneur du
cheval mythique Pégase, emblème du commando anglais. Ils s'emparent du bunker
qui défend le pont, s'introduisent dans les tranchées allemandes, repoussent
une contre-attaque et ne perdent que trois hommes.
Le 6 juin, Lord
LOVAT, précédé d'un joueur de cornemuse et suivi de ses bérets verts et des
bérets verts français du capitaine KIEFFER vainqueurs à Ouistreham, assure la
relève avec trois minutes de retard sur l'horaire prévu. D'autres parachutistes
américains sont largués sur le Cotentin. Vers 22 h, une maison brûle à Ste-Mère-l
‘Eglise, éclairant la place et le ciel et, soudain, les habitants voient
descendre des parachutistes mitraillés par les allemands. L'un d'eux restera
quatre heures, accroché au clocher par le harnais de son parachute.
Sainte-Mère-l ‘Eglise que nous visiterons fut la
première ville libérée.
Pendant la même nuit
de durs combats se déroulent dans le bocage et les marais. Le 6 juin, à l'aube,
les défenseurs allemands stupéfaits voient apparaître l'armada alliée qui
obstrue l'horizon. Aussitôt, c'est l'enfer, la souffrance, la mort. Les navires
de guerre qui escortent les milliers de transports de troupes et les
milliers d'avion qui les protègent ouvrent le feu sur les bunkers qui
ripostent. Sur les plages de Sword, Juno, Sold et Utah les opérations de
débarquement font un minimum de morts. Mais les américains rencontrent de
terribles difficultés sur la plage de Omaha car la plupart des bunkers et des
nids de mitrailleuses n'ont pas été détruits. La première vague d'assaut est
néantie par le feu des défenses ennemies. Les vagues suivantes sont à leur tour
laquées sur le sable et durement éprouvées. Les chaloupes coulent, les tanks amphibies
chavirent, la mer est rouge de sang, la plage couverte de cadavres et de débris
de blindés et de véhicules. Plus de 2000 soldats américains seront tués]
Finalement, au prix de lourdes pertes, les soldats du génie ouvrent une brèche
dans les défenses allemandes. Mais ce n'est qu'en fin de journée que les
survivants parviendront à Colleville-sur-Mer. Les rangers, eux aussi, perdront
de nombreux soldats pour s'emparer de la pointe du hoc et résister à la
contre-attaque allemande.
Toutefois, malgré la
forte opposition des troupes allemandes, 170 000 soldats, américains,
britanniques, canadiens et français franchissent les plages normandes le 6
juin. Dans les jours suivants, les combats acharnés se poursuivent dans le
bocage et la plupart des agglomérations sont incendiées ou rasées par
l'artillerie et l'aviation faisant de nombreuses victimes militaires et
civiles.
Le centre de Coutances est écrasé par le
bombardement allié du 6 juin qui fait 350 victimes. Le port de Cherbourg est
détruit. Saint Lô et Lisieux sont dévorés par les flammes. La ville de Caen,
qui ne sera libérée que le 8 juillet par les troupes du Général MONTGOMERY,
subit pendant plusieurs jours un bombardement intensif qui abat la plupart des
immeubles et fait des milliers de victimes. Les ports et les villes de Rouen et
du Havre disparaissent sous les décombres. Le 14 juin, le Général DE GAULLE débarque
à Courseulles-sur-Mer et prononce son premier discours à Bayeux libérée depuis
le 8 juin. " La victoire que nous remporterons dit-il, sera la victoire de
la liberté et la victoire de la France ".
La 2eme
DB du Général LECLERC débarque le 29 juillet, participe à la réduction de la
poche de Falaise et, avec l'accord du Général PATTON, le Capitaine DRONE fonce
sur Paris où il entre le 23 août et assure la liaison avec les insurgés,
commandés par le Colonel ROL-TANGUY. Le lendemain, le Général DE GAULLE descend
les Champs Elysées, suivi de Georges BIDAULT, le nouveau Président du CNR et
s'adresse à la foule d'un balcon de l'Hôtel de Ville.
Le 22 novembre, le Général LECLERC
fidèle au serment de KOUFRA délivre Strasbourg. Toutes les autres villes
françaises seront libérées pendant cette période, soit par la résistance, soit
par l'action conjuguée de la résistance et de l'armée.
Mais il est
indéniable que la bataille décisive s'est déroulée sur les plages de Normandie
et dans l'arrière-pays. Comme jadis les populations du Nord et de l'Est de la
France, la population de Normandie a terriblement souffert de la guerre et fait
preuve d'un courage remarquable.
Comme la
Jérusalem antique, la Normandie est sortie de ses ruines plus belle et plus
rayonnante que jadis.
Au charme de ses
villes, de ses plages, de son bocage s'ajoute maintenant dans ses musées, dans
la pierre des édifices restaurés, dans les bunkers éventrés, dans les restes du
port artificiel d'Arromanches un précieux témoignage historique, témoignage
accablant contre la guerre.
Jeunes gens qui
jouez sur les plages, qui visitez les champs de bataille, l'immense cimetière
de Colleville-sur-Mer couvert de 85 000 croix blanches, le mémorial de Caen,
les musées de Bayeux, d'Arromanches, pensez aux jeunes de votre âge qui ont
sacrifié leur vie pour la France, pour la paix, pour la liberté.
Sachez que la
paix, la liberté, les droits de l'Homme ne sont jamais définitivement acquis.
(1)
Article publié en Mai 1994 dans Notre
voix PTT par René Peyre à l’occasion des cérémonies du cinquantième
anniversaire du débarquement allié le 6 juin 1944
dimanche 21 avril 2024
IL Y A 80 ANS LES COMBATS DU VERCORS
Les forces de la résistance en
Vercors en fixant d’importants effectifs allemands ont rendu d’éminents
services à la bataille de France " en cours "
Télégramme adressé le 29 juillet 1944 aux FFI Vercors par le Général
KOENIG.
D'une phrase très courte, Raoul BLANCHARD, ancien recteur de l'Académie
le Grenoble, auteur d'une thèse sur les Alpes, dépeint le plateau du Vercors
"Un vaste berceau de prairies au milieu des forêts "
En 1941, M. Pierre DALLOZ, inspecteur des sites, résidant à Sassenage, pense que le Vercors, forteresse naturelle d'accès difficile, constituerait une position stratégique très importante si les troupes alliées débarquaient en Provence.
Malheureusement, le Général DELESTRAINT et Jean MOULIN, dont l'insistance aurait sans doute été déterminante, sont arrêtés, l'un à Paris, l'autre à Lyon en juin 1943. La Gestapo les a éliminés.
A la fin de l'année,
Pierre DALLOZ rencontre à Alger le Colonel PASSY (chef BCRA) et le Colonel
BILLOTTE, secrétaire général du Comité de défense national proches
collaborateurs du Général DE GAULLE. II souligne l'intérêt de son plan dev deux
autres colonels " dont les préoccupations, écrit-il, n'étaient pas celles
que j'aurais cru »
Le 15 juin, à
l'aube, les Allemands attaquent en force et, après de durs combats pénètrent à
Saint-Nizier, pillent et incendient toutes les maisons, sauf un hôtel. Leurs
pertes sont lourdes.
Suit une période
relativement calme.
Le groupe du Lieutenant HARDY et la population transportent
et cachent les armes
Le Capitaine d'aviation TOURNISSA (PAQUEBOT) saute sur
Vassieux, chargé par l’Etat-Major interallié d'Alger, d'aménager le terrain
pour permettre l'atterrissage d'avions chargés de troupes et de matériel lourd.
Les travaux doivent se terminer le 23 juillet. Mais le 21, les hommes qui
travaillent sur le terrain, la population et les maquisards aperçoivent soudain
des avions arrivant du Sud qui remorquent des planeurs. Ils croient tout
d'abord que se sont les appareils annoncés par Alger. Fatale erreur, les
planeurs déposent plus de 200 soldats, un commando spécialement entraîné pour
la répression, des SS, des Waffen SS français et des mongols. Protégés par les
mitrailleuses des pilotes, les Allemands attaque avec des lance-flammes, des
fusils mitrailleurs, des mitraillettes et des grenades.
Pendant que Vassieux brûle, la 157eme Division de Montagne du Général PFLAUM, celui qui assaillait les Glières au mois de mars précédent, attaque avec de puissants moyens au nord et à l'est du Plateau du Vercors. A 15 heures, les Allemands montent en direction de Valchevrière mais le Lieutenant CHABAL les repousse. Sur les Pas (passages dans la crête orientale du Vercors) les Allemands progressent.
A Vassieux, à Valchevrière,
sur les Pas les défenses craquent, l'ennemi se dirige, vers l'intérieur du plateau.
Devant cette
situation alarmante et ne recevant aucun secours d'Alger, le Commandant HUET
(HERVIEUX) donne l'ordre de dispersion.
Au Vercors comme aux Glières, des Officiers et Sous-Officiers
d'active, des adultes et des jeunes gens, qui croyaient ou ne croyaient pas en
Dieu, ont risqué leur vie ensemble pour leur pays, pour la République et la
liberté.
" L'heure de
notre délivrance a été hâtée par l'action de nos maquis.
Par les
destructions qu'ils ont causées à l'armée allemande, par les pertes
considérables qu'ils lui ont infligées, par la psychose de peur que leur
prétendu " terrorisme » entretenait dans les rangs ennemis, ils ont
joué un rôle capital dans la réussite des plans gigantesques de débarquement
mis en œuvre par les Nations Unies sur les côtes Normandie et de Provence
".
René Peyre Notre Voix PTT Septembre 1994
jeudi 18 avril 2024
Cinquantenaire de la disparition de Marcel Pagnol et Marcel Achard
dimanche 7 avril 2024
Glières : les 80 ans des ultimes combats
17/01/2020
Bonsoir Monsieur,
La triste nouvelle que vous nous annoncez, de la disparition
de votre père René Peyre, m’affecte particulièrement car il était un ami de mon
père, Albert BARAT, membre lui aussi de l’ACVG PTT 74. Ils entretenaient
d’excellentes relations et nous avions le plaisir d’accueillir votre père lors
des cérémonies du souvenir à Annecy.
Au nom de tous ceux qui portent l’héritage des Glières et en
mon nom propre, nous partageons votre peine, ainsi que celle de tous vos
proches.
Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes respectueux
hommages et de mes sentiments attristés.
Serge BARAT
Secrétaire général
Association des Glières
mercredi 13 mars 2024
Mort de l'Amiral Philippe De Gaulle
Article de Marion Cocquet pour le journal Le Point (13/03/2024)
© CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP |
Un géant s'est éteint. L'amiral Philippe de Gaulle, fils du
général de Gaulle, est mort dans la nuit du mardi au
mercredi 13 mars, a fait savoir sa famille auprès de BFMTV. Il
était âgé de 102 ans.
Nous sommes le 9 novembre 1970. À Colombey, le Général
meurt d'une rupture d'anévrisme alors qu'il attend le journal télévisé et le
repas du soir, assis près de sa femme dans son fauteuil de tous les jours. On
prévient les amis et les enfants. Philippe, l'aîné, arrive le lendemain à La
Boisserie. Il se recueille devant le corps, l'embrasse puis, avant de faire
fermer le cercueil rustique apporté par le menuisier du village, il effleure
l'arrière du crâne. Pour savoir, racontera-t-il, si son père et lui avaient
bien le même méplat en haut de la nuque. Affirmatif.
C'est la première fois ce jour-là que
« l'Amiral », à près de 50 ans, touche la tête de son père. On
se caressait peu, dans la famille de Gaulle, pas plus en privé qu'en public. Ce
que le grand Charles avait de mots doux et de douceur dans les gestes, il le
réservait à Anne, sa fille trisomique morte à 20 ans dans ses bras.
Philippe, lui, eut la confiance sans les effusions ainsi qu'une exceptionnelle
ressemblance avec le grand Charles : mêmes paupières lourdes, même stature
haute et droite, mêmes longs bras, même façon de les écarter un peu en parlant.
Même méplat.
Philippe raconte cela dans Charles de Gaulle,
mon père (Plon), écrit à 80 ans avec le journaliste Michel
Tauriac. Quatre-vingts ans, l'âge du Général au moment de sa disparition.
Il ne songe pas à se plaindre de ces froideurs, trop occupé à restaurer la
légende dorée de son père. En faisant ce livre, il voulait, disait-il,
« remettre les pendules à l'heure » et effacer les mauvais procès
faits à de Gaulle : son antisémitisme supposé, sa volonté prétendue
d'avoir voulu « brader » l'Algérie. Le résultat est une hagiographie
qui rétablit des vérités mais gomme certains épisodes pourtant bien documentés
(comme lorsqu'elle nie le bras de fer entre de Gaulle et Churchill, lors de
l'appel du 18 juin).
C'est un formidable succès : plus de 500 000
exemplaires sont vendus de chacun des deux tomes. Un paradoxe, aussi. En
défendant la statue du Commandeur, l'Amiral quitte enfin son ombre et devient
un personnage public. Y trouve-t-il du plaisir ? On peut le supposer à le
voir multiplier les plateaux télé, y compris les moins adaptés à sa gravité
d'un autre âge.
« Je lui étais semblable, dans le petit »
Qu'a été sa vie, avant cela ? Il naît le
28 décembre 1921, à Paris. Élève au collège Stanislas, il dévore les
romans de Paul Chack, officier de marine et écrivain (qui sera exécuté à la
Libération pour avoir activement collaboré avec l'occupant nazi). Très vite,
Philippe s'oriente vers une carrière militaire et entre en 1940 à
l'École navale. Le 18 juin, il est en route vers Londres avec sa mère et
ses s?urs et « manque » l'appel de son père. Il rejoint immédiatement
les Forces françaises libres, débarque en Normandie parmi les premiers,
participe à la sanglante bataille d'Alsace et à la libération de Paris. Il
glane là ses premières médailles.
Vaillant, donc. Cela allait de soi. C'est lui qui doit
rappeler ses faits d'armes à son père lorsque celui-ci rédige ses Mémoires
de guerre. « Ah oui, c'est vrai », répond Charles, qui ajoute
alors dans le manuscrit cette phrase, un brin laconique : « Mon fils
continue de se battre avec la 2e DB. »
Après-guerre, Philippe poursuit sa carrière dans la marine,
une arme pourtant hostile au Général et où on lui pardonne difficilement son
ascendance. Il sera, toute sa vie, soupçonné d'avoir bénéficié de hautes
protections. On l'appelle Sosthène, du nom d'un vicomte de La Rochefoucauld,
piètre militaire et piètre politique, connu pour avoir allongé les robes des
danseuses de l'Opéra et caché à coups d'emplâtre les nudités des statues.
« J'aurais pu naître fils de Pygmée ou de Bantou, confiait-il au Figaro en
2003. Le sort en a décidé autrement. Il m'a beaucoup transmis. Je lui étais
semblable, dans le petit » Philippe racontait aussi qu'un jour, tout de
même, le général avait posé sa grande main sur la sienne et dit :
« Je sais tout, vieux garçon. Ta position n'a jamais été facile. Ce n'est
pas rien d'être le fils du général de Gaulle. Mais ton attitude a toujours été
celle que j'attendais de toi. »
Video associée : https://www.dailymotion.com/video/x8ubik4
vendredi 23 février 2024
Ce que je n’ai pas eu le temps de dire à mon Père
Le 22 Janvier 1963 le Général De Gaulle et le Chancelier
Konrad Adenauer signèrent un traité d'amitié franco-allemande dit « traité
de l’Elysée ». Ce document fixait le cadre d’une coopération bilatérale
avec le double objectif d’enterrer d’une part la hache de guerre à l’issue
d’une période de soixante-dix ans marquée par trois conflits dont deux
mondiaux, et d’autre part la volonté gaulliste d’en faire le moteur du bloc
européen. Cette volonté politique s’inscrivait au sein d’une structure
économique préexistante, la Communauté européenne du charbon et de l’acier
(CECA) crée en 1951, remplacée par la CEE en 1957.
Dans la foulée du traité de l’Elysée, fut institué en 1963
l’Office franco-allemand pour la Jeunesse. René Peyre, alors chargé de mission
au sein du cabinet du ministre des PTT Jacques Marette, organisa à partir de
1964 des rencontres de fils et filles de postiers français et allemands dont
René Duclos repris le flambeau en 2009 à la tête de l’Association Nationale des PTT Anciens Combattants et Victimes de Guerre.
Le couple franco-allemand semble aujourd’hui tenir le coup,
malgré quelques vicissitudes et le poids toujours plus grand d’un pays devenu
en 2023 la troisième puissance économique mondiale. Sous l’influence des deux
partenaires, l’Europe s’est agrandie et confortée à travers la création du
Conseil européen en 1975, de l’élection du Parlement européen au suffrage
universel direct en 1979 ou encore la signature du traité de Maastricht (1992)
et la mise en circulation d’une monnaie unique, l’euro, en 2002. L’image forte
du geste de Verdun le 22 septembre 1984 entre François Mitterrand et Helmut
Kohl reste dans les mémoires.
On a pu craindre qu’une marche à pas forcés de la
réconciliation franco-allemande suscite une lecture aseptisée du passé s’exerçant
au détriment du devoir de mémoire. Le fort engagement de Madame Simone Veil
pour la construction européenne et le discours historique de Jacques Chirac
prononcé en 1995 lors des cérémonies commémorant la
grande rafle du Vel’ d’Hiv’ des 16 et 17 juillet 1942 dissipent cette
inquiétude. Par ailleurs René Peyre artisan du rapprochement entre les deux
pays fut un des premiers à monter au créneau, lorsqu’à la tête de l’UFAC il
s’opposa à la volonté du Président Giscard d’Estaing de ne plus célébrer l'anniversaire
de la fin de la Seconde Guerre mondiale au profit d’une journée de l’Europe du
9 Mai.
Pour ma part, je fus l’humble témoin de la persistance de
cette bilatéralité. J’ai effectué ma carrière au sein de l’opérateur historique
des Télécommunications. Fin des années 90, début des années 2000, le secteur
était alors en pleine effervescence entre bulle spéculative boursière,
stratégies d’alliances et création d’un régulateur (ARCEP). Je fus intégré au
sein d’une équipe projet de refonte du système informatique descriptif et
productif des réseaux de transmission français. Ce vaste projet imposait avant
tout choix d’une application unique, le préalable de la création d’un langage commun,
et de la fiabilisation des données utilisées par les diverses applications régionales
existantes. Ce travail effectué, vint le choix du produit final. Deux
candidats s’opposaient. Une base de données hexagonale bien adaptée à la
complexité de notre réseau alors – une fois n’est pas coutume ! - supérieur
au réseau allemand. Et une application d’Outre Rhin inadaptée. A l’époque couraient des
rumeurs de stratégies d’alliance avec Deutsch Telecom. Et contre toute attente
l'option politique prévalut sur l'alternative technique. Salarié d’une entreprise
autrefois « simple Direction Générale » du Ministère des P.T.T, je
saluai, admiratif, dans cette décision, l’ombre portée de mon père, initiateur
au sein de cette administration de la réconciliation franco-allemande.
Jean-Louis Peyre, retraité Orange.
Sources :
Le traité d'amitié franco-allemand – Wikipédia
La Communauté économique européenne – Jules Lastennet
Un anniversaire morose pour le couple franco-allemand –
Le Monde Diplomatique - Anne-Cécile Robert
Biographie : Simone Veil, fervente avocate de la
construction européenne – revue Toute l’Europe, comprendre l’Europe
Cahiers d’Histoire, revue critique - La réconciliation franco-allemande :
crédibilité et exemplarité d’un « couple à toute
épreuve » ? - Valérie Rosoux
René Peyre a été président de l’UFAC entre 1969 et 1996 et
président de l’Association Nationale des PTT Anciens Combattants et Victimes de
Guerre entre 1972 et 2009.
Post-scriptum : une version courte de cet article est parue dans le bulletin d'avril 2024 de l'UFAC :
dimanche 26 novembre 2023
samedi 8 juillet 2023
Léon Gauthier 1922 - 2023
Dernier membre vivant du commando Kieffer, cette unité d'élite française qui débarqua sur les plages de Normandie le 6 juin 1944, Léon Gauthier vient de décéder le 3 juillet 2023 à Caen. Apprenti carrossier, il avait intégré la marine à l'âge de 17 ans et rejoint les Forces Françaises Libres du Général de Gaulle.
L'exemplarité de son destin a été évoqué par le Président Macron lors de l'hommage national rendu à Ouistreham où l'ancien Fusillier marin avait élu résidence. M'est alors revenue en mémoire la séquence finale du film Il faut sauver le soldat Ryan, qu'affectionnait notre père.
Avons nous tous eu, Français, une existence, un comportement, une solidarité qui justifièrent un tel sacrifice ? J'ai un doute.
lundi 8 mai 2023
Les 80 ans de la mort de Jean Moulin
… A Lyon, capitale de la résistance, l'étau se
resserrait autour des dirigeants de l'armée secrète (AS).
La Gestapo et la milice procédaient à de nombreuses arrestations e| recherchaient MAX (Jean MOULIN).
Christian PINEAU m'a décrit cette scène et je me suis posé la question pourquoi Jean MOULIN s'exprimait-il en anglais plutôt qu'en français, ne voulait-il pas faire passer un message, donner une piste ?
Bertie ALBRECHT écrit-il « l'une des plus pures héroïnes de la
résistance » croix de la libération à titre posthume « a probablement eu le
tort de mourir. La postérité aime assez les grands témoins encore vivants, dont
on fait des idoles qui vont dans les écoles et sur les plateaux de télévision
».
Revenons au drame de Caluire.
HARDY est-il un traître ou plutôt un bouc émissaire ? En l'accusant voulait-t' on, veut-on encore protéger une personne ou un groupe de personnes ? Ne disait-il pas : « J'ai été cocu dans cette affaire ? ».