La mort évènement indicible, c’est ce que dit en
substance Peter Handke au début de son roman Le malheur indifférent, en
évoquant le suicide de sa mère. L’écrasante expérience intérieure ne se résout
pas au boyau égoutier, blasphématoire, des mots : « il a bien vécu, il n’a pas
souffert etc. » Mais comment le dire ?
Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien,
répétais-tu ? Conversations alimentées par des lectures de d’Ormesson ou de
Jean-Marie Rouart qui me manqueront.
L’Univers, cent milliards de galaxies peuplées chacune
de 100 milliards d’étoiles. Un lieu fondamentalement hostile, radioactif. Les
anciens grecs craignaient la foudre qu’ils avaient Déifié. Mais l’Univers est
peuplé de monstres bien plus redoutables, quasars, pulsars, trous noirs en
comparaison desquels notre soleil est une chiure de mouche.
Parfois, dans les franges des galaxies, régions plus
calmes, apparaît la vie. Voici alors qu’une autre monstruosité surgit :
l’évolution des espèces gouvernée par l’implacable mécanique darwinienne du
sexe et de la mort. Prédation des étoiles, prédation du vivant.
Il se peut comme l’indique Gérard Klein dans la
préface du roman Héritage de Greg Bear qu’un processus de type
Lamarckien soit apparu au début de la vie organique. Des bactéries, ou entités
monocellulaires auraient fonctionné selon le principe de la coopération, du
partage d’informations, à l’image du corps humain ou de nos sociétés modernes.
Dans ce contexte, on se prend à rêver de formes d'existences où la disparition
de l'individu ne serait plus un préalable à la préservation de l'espèce.
Bienvenue donc dans l’enfer darwinien, bienvenue à ma
disparition prochaine. Que valent nos idéaux, nos créations au regard de la
mort programmée ? Deux fragiles sondes Voyager témoigneront dans l’abime du
temps, quand notre soleil sera éteint, de ce que fut notre espèce.
Et Bartabas et ses chevaux en apesanteur.
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